Cette histoire est publiée par Short-Edition (Short-Edition © tous droits réservés), dans la catégorie 8-11 ans.
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C'est la faute à Pumba !


Et patatras, tout s’écroula.
Le stylo qui était posé sur le livre, le livre qui était posé sur le verre, le verre qui était posé sur la chaise, et la chaise qui avait toujours eu un pied bancal.
Et tout ça, c’était la faute de Pumba. Mon hamster.
La faute de Pumba, pas la mienne ! En toute bonne foi, promis juré craché dans mon gilet (zut, j’ai loupé la poubelle).
— Pumba ! Tu as fait une bêtise !
Le fait que je crie bien fort c’est juste pour être sûr que Pumba m’entende bien. Pas du tout pour prévenir Maman que ce n’est pas ma faute si j’ai encore cassé un verre.
Enfin, que Pumba a cassé un verre, je veux dire.
En tous les cas, mon hamster n’est plus dans sa cage, et sa cage n’était pas loin de la chaise. Alors c’est plausible.
Mais au fait, où il est passé, mon hamster ?
Je regarde bien partout dans sa cage – enfin, son aquarium, pour pas qu’il se sauve –, mais je ne le vois nulle part. Je fouille un peu dans les copeaux au cas où il se serait caché pour faire une sieste, mais rien.
Ben quoi ? Il est passé où sérieusement ? Il n’a pas pu s’enfuir quand même ! Comment il aurait fait ?
C’est à ce moment-là que je le vois : son biberon d’eau un peu plus de travers que d’habitude, et son accroche un peu plus basse.
Non ?! Pumba se serait évadé ?
Oh là là ! Oh là là ! Qu’est-ce que je vais faire ? Première chose, faire attention où je pose mes pieds. Deuxième chose, ne pas ouvrir la porte de ma chambre.
Je sursaute lorsqu’on cogne à ma porte pile au moment où je pense ça.
— Noah ? Ça va ?
— N’ouvre pas la porte, Maman !
— Pourquoi ? Tu as fait une bêtise ? J’ai entendu du bruit ? Tout va bien ?
— Oui oui, mais n’ouvre pas, je range ! Je veux te faire la surprise quand ce sera fini !
Zut. Pourquoi j’ai dit ça moi ? La panique sans doute. Mais bon, il faut dire aussi que si je veux avoir une chance de retrouver Pumba, je ne vais pas trop avoir le choix.
— Très bien ! Je te laisse à ton rangement alors ! Et n’oublie pas dans les coins et sous le lit !
Je grommelle mon assentiment, mécontent, puis regarde autour de moi.
Il y a :
– des Lego étalés partout avec des Playmobils qui les chevauchent (parce qu’ils étaient en train de faire une battle royale) ;
– des cartes Pokémon dans tous les coins (sauf les Shiny, bien rangées dans un album spécial actuellement en équilibre sur ma table de chevet) ;
– beaucoup de choses sur mon bureau (surtout des trucs aussi inutiles qu’indispensables comme dirait Maman) ;
– mes cahiers de cours par terre en plein milieu (le seul endroit où j’ai assez de place où les mettre) ;
– la poubelle sous mon lit (difficile d’appeler ça autrement vu tout ce que j’y fourre : papiers de bonbons, trognons de pommes… beurk) ;
– des livres posés un peu partout (partout, sauf dans ma grande bibliothèque) ;
– des vêtements égarés n’ayant trouvé ni le chemin du placard ni celui de la corbeille de linge (propres ou sales ? That is the question).
Pfffiou… en gros, il y a du boulot. Je m’assois sur mon lit en poussant machinalement par terre le tas de peluches qui s’y trouve avant de m’arrêter net et de me relever d’un bond, effrayé.
Zut ! Et si jamais Pumba était là-dessous ?
Faisons donc les choses dans l’ordre. Je regarde bien partout sur mon lit et soulève les couvertures. Pas de Pumba. Au moins je ne l’ai pas écrasé en m’asseyant, c’est déjà ça.
Puisqu’il n’est pas sur le lit, j’y repose toutes les peluches que je peux trouver par terre.
Pas de Pumba.
Sérieusement ? Il allait vraiment m’obliger à ranger toute ma chambre, cette andouille de hamster ? Il ne pourrait pas faire un peu de bruit pour m’aider ?
J’écoute au cas où, mais rien de rien, c’est peine perdue. Faut croire qu’il ne fait du bruit que la nuit !
Me voilà donc parti pour ranger mes Lego, mes Playmobils, mes cartes Pokémon, mes livres, mes… pfiou… mieux vaut que j’arrête de réfléchir et que je fasse une chose à la fois, sinon je vais me décourager.
De toute façon, pas le choix, je dois le retrouver. Une fois que tout sera rangé, mon hamster devrait être assez facile à repérer. Après tout, elle n’est pas si grande que ça ma chambre.
Je bosse en râlant.
C’est Maman qui ne va pas en revenir lorsque je lui montrerais tout mon travail.
Je suis concentré, mais j’ai beau ranger tous les coins, je ne le retrouve toujours pas. Je commence à être inquiet. C’est que je l’aime bien moi, mon Pumba. Il a beau faire un sacré barouf chaque nuit, c’est mon copain quand même. Et si jamais je ne le retrouve pas avant ce soir, il va manger quoi ?
Après avoir rangé un dernier livre dans la bibliothèque, je me retourne et regarde ma chambre. Elle est nickel. Il ne manque plus qu’à passer l’aspirateur et la serpillère.
Sauf que je ne peux pas passer l’aspirateur parce que je risquerais d’aspirer Pumba !
Mais où est-ce qu’il a bien pu se cacher ?
C’est à ce moment que Maman recogne à ma porte.
— Noah ? Je peux entrer maintenant ? Tu as fini de ranger ?
Non parce que je n’ai toujours pas retrouvé mon hamster. Oui parce que Maman pourrait peut-être m’aider à le chercher ? Je n’ai plus d’autre solution…
— D’accord, tu peux rentrer, mais referme tout de suite la porte derrière toi !
Je regarde par terre lorsque la porte s’ouvre, pour être sûr que Pumba ne se faufile pas dehors. Et je ne relève les yeux qu’une fois la porte bien fermée derrière Maman.
Et je la vois avec la boîte de transport de Pumba dans les bras. Avec Pumba dedans.
Je crois qu’à cet instant mes yeux deviennent si grands qu’ils sont près de déborder de mon visage.
— Pumba !
Je me précipite sur mon hamster. C’est bien lui, pas de doute. Je regarde Maman, à la fois soulagé et un peu furieux.
— Pourquoi tu as pris Pumba sans me prévenir ?!
— Parce qu’il était temps de changer sa litière. Et par la même occasion, de changer la tienne. Changer ma litière ? Pfff… n’importe quoi. C’est une chambre, pas une cage ! Et ce sourire de sorcière qu’elle me fait là !
Je la regarde de mon air le plus méchant, mais bon, je ne suis pas très doué pour ça. C’est vrai qu’il était temps que je la range ma chambre, vu toute la poussière qu’il y avait. Et puis ça faisait bien deux semaines que Maman me demandait de le faire.
— Mouais. Je passe l’aspirateur si tu m’aides après à passer la serpillère ?
— Marché conclu !
— Mais ne me refais plus jamais ça ! Espèce de manipulatrice !
— Oui mon chéri.
Avec le regard machiavélique qu’elle me lance et son clin d’œil, il est évident que je n’en crois pas un mot. Je souris à mon tour. J’avoue que parfois, Maman me surprend, mais c’est toujours plutôt amusant.
— Et quand on aura fini, on se fait une bataille ? J’ai retrouvé mon jeu de cartes en rangeant, et on a de la place maintenant !
— Celui qui perd s’occupe de la litière du chat ? me glisse Maman, l’air faussement innocent.
— Ah non hein ? Me parle plus de litière de tout le reste de la journée Maman !