Une rencontre qui ne manque pas de piquants !


Chapitre 1 – Pressée
Je me hâte sur mes petites pattes. La nuit est déjà bien avancée et mon ventre continue de gargouiller. C’est compliqué de trouver vers et insectes à me mettre sous la dent en ce moment ! Et tiens, voici justement un de ces grands espaces vide et mort devant moi. Une route. Je sais qu’en la traversant, il y aura de nouveau un peu d’herbe de l’autre côté et peut-être de quoi grignoter, alors je me lance.
Mais alors que j’avance, j’entends un drôle de grondement. En un rien de temps, deux lumières m’éblouissent et le monstre est sur moi ! Je me fige et me mets en boule devant le danger, piquants dressés.
Un crissement résonne dans la nuit, puis plus rien. Je distingue alors des pas se rapprocher de moi.
— Il est vivant ? Demande une petite voix fluette.
Un petit humain. Je ne remue pas d’un pic. Avec un peu de chance, il me pensera mort et partira. Mais aïe ! Qu’est-ce qu’il me fait avec son bâton !
— Ah ! Il bouge ! Ah non, il ne bouge plus. Il est blessé peut-être ? Pourtant, il n’a pas l’air écrasé ni rien.
— Lucas ? Tu peux aller me chercher le plaid qui est dans le coffre s’il te plaît ?
— Pour quoi faire ?
— On va regarder s’il n’est pas blessé puis l’emmener dans le petit bois. Je ne sais pas ce qu’il fait ici en plein milieu du village, mais il sera certainement mieux en forêt !
— Tu es sûre ? Tu sais, mon copain Abib il dit que-
— Sûre, non, mais ça me paraît logique ! Un hérisson, c’est un animal sauvage après tout.
Ils sont deux. Deux humains. Je ne comprends rien à leur charabia, mais je ne bouge pas, c’est ce qu’il y a de plus prudent.

Chapitre 2 – Quelle galère !
Je le savais que j’aurais dû bouger plus tôt ! Zut de zut ! Mais non, j’avais trop peur, je suis restée en boule et me voilà attrapée. Je soupire bruyamment. Pfff… où suis-je maintenant ? Rien ne sent comme d’habitude ! Enfin, si, ça sent la forêt. Ils m’ont emmenée si loin que ça ? Mais pourquoi !?
Je n’y comprends rien à ces humains. Pourquoi m’ont-ils amenée ici ? Ce n’est pas chez moi ! Qui sait combien de temps je vais mettre à rentrer à la maison ? Et mes petits choupissons qui m’attendent… Oh là là, pourvu qu’il ne leur arrive rien ! Allez, pas de temps à perdre, je fonce. Direction, la maison !
Après avoir vérifié, le nez en l’air, ma position approximative, je détale à toute vitesse, ne faisant nullement attention aux routes que je suis ainsi forcée de traverser. Je n’ai pas trop le choix non plus, les routes, il faut bien les passer. Ce n’est pas comme s’il y avait des ponts ou des tunnels à hérissons dans le coin ! Il paraît que ça existe, mais moi, je pense que c’est juste une légende, car je n’en ai jamais vu de mes yeux.
Manque de chance, j’ai beau courir à toutes pattes, l’aube commence à pointer le bout de son nez avant même que je ne sois revenue sur mon territoire. Quelle idée de m’avoir emportée si loin ! Je lui piquerai bien le bout du nez à cette humaine !
Je me pose un instant pour attraper un ver de terre que je vois sortir d’une ornière, l’engloutissant de quelques petits coups de crocs. J’ai faim ! Mais je préfère ne pas trop traîner, le jour qui se lève, ça veut aussi dire les mouches qui se réveillent. Et les mouches, c’est encore pire que les humains. J’ai les piquants qui tremblotent en pensant à ces monstres ailés. Pourvu que mes petits restent bien à l’abri !
J’ai envie de me rouler en boule sous un tas de feuilles et dormir toute la journée, mais à cause de cette humaine, me voilà obligée de crapahuter en plein jour. Car oui, le soleil est désormais bien haut dans le ciel et j’imagine déjà les mouches bourdonner. Brrr.
Ça y est ! Je reconnais mon territoire, encore quelques mètres et je serai arrivée !

Chapitre 3 – Un nid bien douillet
Sauf que pas du tout, parce que j’entends un craquement caractéristique de l’humain qui marche sur des branchages. Je me mets en boule. Oui, bon, je sais, ça ne m’a pas trop réussi de me mettre en boule la dernière fois, mais je n’y peux rien si j’ai peur, OK ?
Oh non ! Me voilà soulevée du sol… si c’est la même humaine que cette nuit, juré craché je lui pique le bout du nez ! Hors de question qu’elle m’emporte encore à Crapahutchnock ! Enfin bon, pour l’instant je ne vois rien, je n’ose pas me déplier. Qu’est-ce que… hi hi hi, ça me chatouille ! Oups, je me déplie malgré moi.
Ce n’est pas la même humaine, elle ne sent pas pareil. Je lui râle quand même dessus histoire qu’elle comprenne bien qu’elle n’a pas intérêt à m’éloigner de chez moi.
— Il fait quoi le hérisson maman ? On dirait qu’il râle ?
Tiens, un autre petit humain, mais ce n’est pas le même qu’hier soir.
— Exactement Abib ! Il – oh pardon, elle – n’est pas contente que je l’ai prise dans mes mains et que je l’ai poussée à se dérouler.
— Et maintenant, tu la relâches ?
— Oui ! Je vérifiais qu’elle n’avait pas d’œufs de mouche sur elle ni de blessures, mais tout va bien ! Je crois qu’elle est dehors en pleine journée parce qu’elle doit avoir une urgence !
Ouf ! Celle humaine-ci m’a rapidement reposée par terre, et je me sauve à toutes pattes. J’ai vraiment hâte de retrouver mes petits. Je m’arrête net à quelques pas de mon nid, apercevant le plus gros de mes bébés. Il n’a visiblement pas résisté à l’envie de faire quelques pas à l’extérieur ! Je le repousse vers le nid en le grondant très fort.
Enfin arrivée ! Allez, je compte : un, deux, trois, quatre, et cinq ! Tous mes choupissons sont bien présents ! Nous allons pouvoir nous reposer, bien cachés dans notre nid, on l’a bien mérité !
— Oh ! Tu as vu maman ? Il y avait un petit bébé ! Je crois que le nid des hérissons est dans notre tas de bois !
— Oui tu as raison mon chéri. Nous allons devoir faire bien attention à eux.
— Il y a Lucas qui m’a dit qu’ils avaient trouvé un hérisson sur la route cette nuit et qu’ils l’avaient emporté dans la forêt, tu crois que c’est lui ?
— Je ne sais pas Abib, mais c’est possible ! Tu lui as expliqué qu’il ne fallait pas faire ça ?
— Bien sûr ! Je lui avais déjà dit, mais sa maman n’a rien voulu savoir. Il m’a promis qu’il ferait en sorte qu’elle l’écoute cette fois-ci pour qu’ils ne fassent plus la même erreur. Et… maman ?
— Oui ?
— C’est la hérissonne qu’on entend ronfler comme une locomotive là ?
— Ah ah ah ! Oui ! Je crois qu’elle est bien fatiguée de son périple !
Mais ils vont se taire à la fin ces humains, c’est que je voudrais bien dormir tranquille moi maintenant !
Si vous avez aimé cette histoire, partagez-là !
Facebook Twitter Linkedin email
retour à la section