Tour de France
Il y arriverait !
Peu importe quels sacrifices et quelles souffrances il aurait encore à supporter, il réussirait à boucler son satané tour de France !
Serrant les dents, Ethan continua à avancer sans fléchir, essayant encore et toujours de décompresser, de mettre ses pensées en stand-by, malgré le fait qu’il sache désormais qu’il n’y arriverait peut-être jamais. Depuis le temps qu’il essayait, depuis presque qu’un mois qu’il était sur la route déjà, il n’y avait rien à faire, son esprit continuait à ressasser toujours les mêmes sinistres idioties.
Peut-être avait-il tout simplement trop de colère en lui pour qu’il puisse un jour y parvenir.
Faire le « vide dans son esprit » n’avait jamais été trop son truc à la base. Le Yoga, la Méditation, et tous leurs confrères et consœurs, c’était trop dur pour lui. Il avait pourtant bien espéré y parvenir lors de cette épreuve physique qu’il s’était brusquement imposé. Mais peu importe la fatigue accumulée, ses souvenirs lui restaient collés à la peau, et la rage qui ne faisait qu’un avec eux également.
Cela faisait 27 jours qu’il était parti, soit presque la moitié de ce qu’il avait prévu. Il s’était fixé deux mois en objectif, mais… C’était dur, bien plus dur qu’il ne l’avait anticipé, et il ne pouvait pas se permettre de flancher, à aucun prix.
Avant-hier, il avait réussi à atteindre les 50 kilomètres qu’il s’était fixé. Hier, il n’en avait fait que 45, alors il comptait bien se rattraper aujourd’hui en parcourant 55 km. C’était nécessaire pour son moral, d’en faire davantage à chaque fois qu’il prenait le moindre retard sur son programme. Sinon, il ralentirait jusqu’à s’arrêter, il se connaissait. Oh oui, il se connaissait vraiment trop bien, et il savait que s’il flanchait, il replongerait dans la dépression qui avait failli l’engloutir une fois déjà.
Qu’est-ce qui l’avait décidé à entreprendre ce périple ?
Sa mère, tout simplement. Il en avait eu marre de l’entendre se lamenter sur son chômage, lui demandant chaque jour quelles démarches il avait entamé, regrettant de ne pas pouvoir l’aider plus. Oui, c’était pour elle qu’il était parti, pour qu’elle voit qu’il en était capable, qu’il était fort, et qu’il ne se laisserait pas abattre.
Et puis… Et puis pour la fuir. Pour fuir la pitié qu’il voyait dans ses yeux, et aussi sa peur, alors que lui-même se rendait compte qu’il se décourageait de plus en plus dangereusement. Il était donc aussi parti pour lui. Pour survivre croyait-il. Pour réapprendre à vivre en réalité. Il avait 25 ans, il avait l’impression d’être fini alors qu’il avait toute la vie devant lui.
Pour tous les autres également. Il avait quelque part choisi de les fuir plutôt que de leur faire subir. Et à terme peut-être de les perdre. Car sa colère envers le monde entier se déversait parfois – souvent – sur les personnes qui lui étaient le plus proche.
Sa mère, bien sûr, mais aussi ses amis, leurs voisins les plus proches, la boulangère et le boucher de leur quartier, etc…
Ses anciens collègues de travail il n’en avait rien à foutre par contre.
Qu’ils aillent tous se faire voir, eux et leurs « bonne continuation hein ? ». Bonne continuation ? Bande de connards, ils avaient tous été bien contents de se débarrasser de lui. Licenciement économique mon cul !
Respirant à fond l’air de la campagne qu’il était en train de traverser, il se mit à hurler de toutes ses forces.
« BANDE DE CONS ! »
Le cri résonna curieusement avant de se perdre dans les blés. Au loin, il entendit un chien aboyer. Il sourit puis se mit à rire. Bon. Chaque jour se terminait de la même façon depuis le début de son expédition, et cela lui faisait toujours autant de bien ! Rien que pour pouvoir hurler en paix cela valait le coup d’avoir tout quitté sur un coup de tête. Et puis ça coûtait moins cher que le psy.
Il voyait au loin le village qu’il s’était fixé comme prochaine étape. 55 kilomètres. Pari réussi pour aujourd’hui ! Il était trempé de sueur, mais heureux ce soir encore. Son aventure ne parviendrait sans doute pas à épuiser sa rage, mais elle lui avait apporté autre chose, un pouvoir qu’il ne se connaissait pas, une force qu’il s’ignorait.
Arrivant devant l’auberge, il resta bloqué, brièvement, en apercevant les trois marches qui menaient à la porte d’entrée.
Il y a 27 jours il aurait été abattu de voir ces trois marches. Aujourd’hui, il était prêt à se battre pour ses droits.
« LA RAMPE ! »
Il gueula dans l’air délicat du soir pour qu’on vienne lui mettre la rampe obligatoire. Il remarqua au passage qu’il avait la voix qui portait de plus en plus aussi, à force de beugler chaque soir contre les cons.
55 kilomètres en fauteuil aujourd’hui, c’était pas mal pour un « pauvre enfant » non ? Un « pauvre chéri », voire même un « malchanceux » ou un « malheureux ».
Vous savez quoi ? Le malchanceux il vous dit merde. Il dit merde aussi aux connards qui n’ont pas respecté les normes de sécurité du bâtiment. Et merde à son ancien patron qui a attendu impatiemment son retour pour le virer.
Mais il ne dit pas merde à la vie. Qu’il décide de la passer à faire le tour de France en solitaire, à s’entrainer pour des paralympiques utopiques, ou juste devant sa télé parce que de toute façon personne ne veut plus l’embaucher.
Sa vie, c’est toujours lui qui la dirige, et il continuera de le faire. Chaque jour s’il le faut, il gueulera à s’en froisser la glotte pour que l’on respecte ses droits, ses choix, et qu’on le respecte, LUI.
Peu importe quels sacrifices et quelles souffrances il aurait encore à supporter, il réussirait à boucler son satané tour de France !
Serrant les dents, Ethan continua à avancer sans fléchir, essayant encore et toujours de décompresser, de mettre ses pensées en stand-by, malgré le fait qu’il sache désormais qu’il n’y arriverait peut-être jamais. Depuis le temps qu’il essayait, depuis presque qu’un mois qu’il était sur la route déjà, il n’y avait rien à faire, son esprit continuait à ressasser toujours les mêmes sinistres idioties.
Peut-être avait-il tout simplement trop de colère en lui pour qu’il puisse un jour y parvenir.
Faire le « vide dans son esprit » n’avait jamais été trop son truc à la base. Le Yoga, la Méditation, et tous leurs confrères et consœurs, c’était trop dur pour lui. Il avait pourtant bien espéré y parvenir lors de cette épreuve physique qu’il s’était brusquement imposé. Mais peu importe la fatigue accumulée, ses souvenirs lui restaient collés à la peau, et la rage qui ne faisait qu’un avec eux également.
Cela faisait 27 jours qu’il était parti, soit presque la moitié de ce qu’il avait prévu. Il s’était fixé deux mois en objectif, mais… C’était dur, bien plus dur qu’il ne l’avait anticipé, et il ne pouvait pas se permettre de flancher, à aucun prix.
Avant-hier, il avait réussi à atteindre les 50 kilomètres qu’il s’était fixé. Hier, il n’en avait fait que 45, alors il comptait bien se rattraper aujourd’hui en parcourant 55 km. C’était nécessaire pour son moral, d’en faire davantage à chaque fois qu’il prenait le moindre retard sur son programme. Sinon, il ralentirait jusqu’à s’arrêter, il se connaissait. Oh oui, il se connaissait vraiment trop bien, et il savait que s’il flanchait, il replongerait dans la dépression qui avait failli l’engloutir une fois déjà.
Qu’est-ce qui l’avait décidé à entreprendre ce périple ?
Sa mère, tout simplement. Il en avait eu marre de l’entendre se lamenter sur son chômage, lui demandant chaque jour quelles démarches il avait entamé, regrettant de ne pas pouvoir l’aider plus. Oui, c’était pour elle qu’il était parti, pour qu’elle voit qu’il en était capable, qu’il était fort, et qu’il ne se laisserait pas abattre.
Et puis… Et puis pour la fuir. Pour fuir la pitié qu’il voyait dans ses yeux, et aussi sa peur, alors que lui-même se rendait compte qu’il se décourageait de plus en plus dangereusement. Il était donc aussi parti pour lui. Pour survivre croyait-il. Pour réapprendre à vivre en réalité. Il avait 25 ans, il avait l’impression d’être fini alors qu’il avait toute la vie devant lui.
Pour tous les autres également. Il avait quelque part choisi de les fuir plutôt que de leur faire subir. Et à terme peut-être de les perdre. Car sa colère envers le monde entier se déversait parfois – souvent – sur les personnes qui lui étaient le plus proche.
Sa mère, bien sûr, mais aussi ses amis, leurs voisins les plus proches, la boulangère et le boucher de leur quartier, etc…
Ses anciens collègues de travail il n’en avait rien à foutre par contre.
Qu’ils aillent tous se faire voir, eux et leurs « bonne continuation hein ? ». Bonne continuation ? Bande de connards, ils avaient tous été bien contents de se débarrasser de lui. Licenciement économique mon cul !
Respirant à fond l’air de la campagne qu’il était en train de traverser, il se mit à hurler de toutes ses forces.
« BANDE DE CONS ! »
Le cri résonna curieusement avant de se perdre dans les blés. Au loin, il entendit un chien aboyer. Il sourit puis se mit à rire. Bon. Chaque jour se terminait de la même façon depuis le début de son expédition, et cela lui faisait toujours autant de bien ! Rien que pour pouvoir hurler en paix cela valait le coup d’avoir tout quitté sur un coup de tête. Et puis ça coûtait moins cher que le psy.
Il voyait au loin le village qu’il s’était fixé comme prochaine étape. 55 kilomètres. Pari réussi pour aujourd’hui ! Il était trempé de sueur, mais heureux ce soir encore. Son aventure ne parviendrait sans doute pas à épuiser sa rage, mais elle lui avait apporté autre chose, un pouvoir qu’il ne se connaissait pas, une force qu’il s’ignorait.
Arrivant devant l’auberge, il resta bloqué, brièvement, en apercevant les trois marches qui menaient à la porte d’entrée.
Il y a 27 jours il aurait été abattu de voir ces trois marches. Aujourd’hui, il était prêt à se battre pour ses droits.
« LA RAMPE ! »
Il gueula dans l’air délicat du soir pour qu’on vienne lui mettre la rampe obligatoire. Il remarqua au passage qu’il avait la voix qui portait de plus en plus aussi, à force de beugler chaque soir contre les cons.
55 kilomètres en fauteuil aujourd’hui, c’était pas mal pour un « pauvre enfant » non ? Un « pauvre chéri », voire même un « malchanceux » ou un « malheureux ».
Vous savez quoi ? Le malchanceux il vous dit merde. Il dit merde aussi aux connards qui n’ont pas respecté les normes de sécurité du bâtiment. Et merde à son ancien patron qui a attendu impatiemment son retour pour le virer.
Mais il ne dit pas merde à la vie. Qu’il décide de la passer à faire le tour de France en solitaire, à s’entrainer pour des paralympiques utopiques, ou juste devant sa télé parce que de toute façon personne ne veut plus l’embaucher.
Sa vie, c’est toujours lui qui la dirige, et il continuera de le faire. Chaque jour s’il le faut, il gueulera à s’en froisser la glotte pour que l’on respecte ses droits, ses choix, et qu’on le respecte, LUI.
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