Cette nouvelle a été écrite et sélectionnée ⭐ pour l'Octobre Imaginaire 2020 du site de plume d'argent. Le thème était "Créatures fantastiques".
Manticore
Son visage l’enchantait. Elle s’admirait quotidiennement dans tous les étangs, ruisseaux, et autres points d’eau. Elle brossait et peignait avec délectation ses longs cheveux soyeux. Quelle beauté que ces traits parfaits qui lui avaient été accordés par Dame Nature !
Fruit du sang de Méduse absorbé par une mortelle humaine, elle était manticore : mi-lionne, mi-femme, son corps svelte et somptueux la comblait de délices. Elle aimait à parcourir le monde à son rythme tranquille et flegmatique. Bâillant au vent en découvrant ses longues dents acérées, agitant sa queue de scorpion en cadence avec l’ondulation de ses larges hanches félines.
Immortelle, elle ne craignait rien ni personne. Jamais quiconque ne pourrait lui faire le moindre mal. Et d’ailleurs, qu’auraient-ils pu tenter ? Avaient-ils une queue de scorpion hautement venimeuse comme celle qu’elle arborait avec fierté ? Possédaient-ils de longues griffes affûtées capables de trancher net le tronc d’un jeune arbre ?
Non. Aucune créature au monde ne pouvait la blesser. Seul l’ennui aurait pu la menacer. Mais heureusement, elle avait trouvé une activité fascinante qui occupait désormais tout son temps.
Les êtres humains.
Hommes, femmes, enfants. Elle ne se lassait pas d’observer ces visages si beaux, si parfaits… en un mot, si semblables au sien. Ces humains dont elle possédait les traits délicats étaient, contrairement à elle, d’une fragilité étonnante. Néanmoins, ils étaient également absolument fascinants. Son cœur s’emplissait de joie lorsque son chemin croisait le leur.
Cependant, pour sa plus grande tristesse, ils la craignaient autant qu’elle les aimait.
C’est ainsi que chaque jour, elle se contentait de les observer, immobile. Elle s’était installée tranquillement à l’orée de leur village, les regardant jouer et babiller au loin. Ils étaient tellement gracieux, tellement attirants, qu’elle regrettait souvent de ne pouvoir les côtoyer de plus près. Mais malheureusement, ils fuyaient à la moindre tentative d’approche de sa part.
Qu’importe, elle avait le temps.
Et le temps finit par payer.
Peu à peu, l’apercevant immobile et tranquille, certains humains commencèrent à l’approcher et cela la ravissait. Désormais, ces êtres qui la redoutaient se mirent à la vénérer tout autant. Ils étaient hésitants en sa présence, lui tournaient autour à petits pas, prudemment.
Puis ils se firent plus hardis, se mirent à lui peigner les cheveux et elle se surprenait à ronronner de plaisir. Oh qu’ils étaient charmants !
Et puis vint l’Enfant.
L’Enfant, qui, lui, était sans peur aucune. En effet, avec les années qui s’étaient écoulées lentement depuis son arrivée, les enfants nés alors qu’elle était déjà présente n’avaient pour elle plus aucune crainte. Elle était des leurs. Acceptée telle une humaine avec un corps de déesse. Quelle joie que de les voir ainsi l’admirer et la caresser sans la moindre appréhension !
L’Enfant fut le premier à la monter. Il grimpa sur son dos naturellement, comme si elle n’avait été qu’un étalon. Intriguée, elle le laissa faire. Il était chaud et doux contre son corps. Il la caressait et lui parlait d’une voix exquise et apaisante. Se redressant, elle se promena alors dans le village avec l’Enfant sur son dos, tel un roi sur sa monture rentrant en son royaume.
Les hommes l’admiraient, Elle, ils admiraient son corps de manticore, son visage si humain. Et ils l’admiraient, Lui, l’Enfant sans peur, qui à leurs yeux semblait l’avoir domptée.
Elle termina son cheminement au centre du village, s’allongeant avec sa grâce habituelle près de la fontaine, son endroit favori pour les observer, maintenant qu’ils étaient apprivoisés.
L’Enfant descendit de son dos prestement, et lui sourit.
Sa beauté attendrissante lui alla droit au cœur, et elle ne put faire durer le plaisir plus longtemps : Elle planta ses crocs dans ce visage angélique, ses trois rangées de dents se délectant de ces os croustillants et de cette chair imbibée de sang.
Quel régal ! Les autres fuyaient désormais en courant en tous sens. Et plus ils fuyaient, plus elle chantait sa joie en plantant ses crocs, déchirant peau et muscles, inondant ses longs cheveux de leur sang onctueux.
Oh vraiment, qu’elle aimait ces êtres ! Ils étaient à croquer !
Fruit du sang de Méduse absorbé par une mortelle humaine, elle était manticore : mi-lionne, mi-femme, son corps svelte et somptueux la comblait de délices. Elle aimait à parcourir le monde à son rythme tranquille et flegmatique. Bâillant au vent en découvrant ses longues dents acérées, agitant sa queue de scorpion en cadence avec l’ondulation de ses larges hanches félines.
Immortelle, elle ne craignait rien ni personne. Jamais quiconque ne pourrait lui faire le moindre mal. Et d’ailleurs, qu’auraient-ils pu tenter ? Avaient-ils une queue de scorpion hautement venimeuse comme celle qu’elle arborait avec fierté ? Possédaient-ils de longues griffes affûtées capables de trancher net le tronc d’un jeune arbre ?
Non. Aucune créature au monde ne pouvait la blesser. Seul l’ennui aurait pu la menacer. Mais heureusement, elle avait trouvé une activité fascinante qui occupait désormais tout son temps.
Les êtres humains.
Hommes, femmes, enfants. Elle ne se lassait pas d’observer ces visages si beaux, si parfaits… en un mot, si semblables au sien. Ces humains dont elle possédait les traits délicats étaient, contrairement à elle, d’une fragilité étonnante. Néanmoins, ils étaient également absolument fascinants. Son cœur s’emplissait de joie lorsque son chemin croisait le leur.
Cependant, pour sa plus grande tristesse, ils la craignaient autant qu’elle les aimait.
C’est ainsi que chaque jour, elle se contentait de les observer, immobile. Elle s’était installée tranquillement à l’orée de leur village, les regardant jouer et babiller au loin. Ils étaient tellement gracieux, tellement attirants, qu’elle regrettait souvent de ne pouvoir les côtoyer de plus près. Mais malheureusement, ils fuyaient à la moindre tentative d’approche de sa part.
Qu’importe, elle avait le temps.
Et le temps finit par payer.
Peu à peu, l’apercevant immobile et tranquille, certains humains commencèrent à l’approcher et cela la ravissait. Désormais, ces êtres qui la redoutaient se mirent à la vénérer tout autant. Ils étaient hésitants en sa présence, lui tournaient autour à petits pas, prudemment.
Puis ils se firent plus hardis, se mirent à lui peigner les cheveux et elle se surprenait à ronronner de plaisir. Oh qu’ils étaient charmants !
Et puis vint l’Enfant.
L’Enfant, qui, lui, était sans peur aucune. En effet, avec les années qui s’étaient écoulées lentement depuis son arrivée, les enfants nés alors qu’elle était déjà présente n’avaient pour elle plus aucune crainte. Elle était des leurs. Acceptée telle une humaine avec un corps de déesse. Quelle joie que de les voir ainsi l’admirer et la caresser sans la moindre appréhension !
L’Enfant fut le premier à la monter. Il grimpa sur son dos naturellement, comme si elle n’avait été qu’un étalon. Intriguée, elle le laissa faire. Il était chaud et doux contre son corps. Il la caressait et lui parlait d’une voix exquise et apaisante. Se redressant, elle se promena alors dans le village avec l’Enfant sur son dos, tel un roi sur sa monture rentrant en son royaume.
Les hommes l’admiraient, Elle, ils admiraient son corps de manticore, son visage si humain. Et ils l’admiraient, Lui, l’Enfant sans peur, qui à leurs yeux semblait l’avoir domptée.
Elle termina son cheminement au centre du village, s’allongeant avec sa grâce habituelle près de la fontaine, son endroit favori pour les observer, maintenant qu’ils étaient apprivoisés.
L’Enfant descendit de son dos prestement, et lui sourit.
Sa beauté attendrissante lui alla droit au cœur, et elle ne put faire durer le plaisir plus longtemps : Elle planta ses crocs dans ce visage angélique, ses trois rangées de dents se délectant de ces os croustillants et de cette chair imbibée de sang.
Quel régal ! Les autres fuyaient désormais en courant en tous sens. Et plus ils fuyaient, plus elle chantait sa joie en plantant ses crocs, déchirant peau et muscles, inondant ses longs cheveux de leur sang onctueux.
Oh vraiment, qu’elle aimait ces êtres ! Ils étaient à croquer !
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