Cette nouvelle est la plus ancienne de ce site puisque c'est l'une des toutes premières que j'ai écrite.
Et pourtant, non seulement elle me tient toujours autant à coeur, mais je la comprends encore mieux à présent.
(je vous ai cependant épargné une bonne partie des très nombreux pointillés qui parsemaient cette histoire d'autrice très débutante !)
(je vous ai cependant épargné une bonne partie des très nombreux pointillés qui parsemaient cette histoire d'autrice très débutante !)
Le cheval qui tournait tournait...
Il était une fois, dans une contrée peu éloignée, une ferme entourée de prés. De grands prés verdoyants s'étendant à perte de vue et des champs immenses qui semblaient ne jamais atteindre l'horizon.
À côté de cette ferme se trouvait un enclos au milieu duquel se trouvait un piquet, une chaîne et au bout de celle-ci un cheval de trait. Un cheval qui tournait tournait…
Ce cheval n'était point beau, n'était point moche, il était simplement là pour servir son maître qui n'avait pour lui aucun reproche. Si ce dernier ne le laissait s'ébattre dans les champs, c'était uniquement par crainte que celui-ci ne s'enfuit ou n'abîme les terres de ses pères. Le cheval restait ainsi au milieu de l'enclos pendant les longues journées où son maître n'avait pas besoin de lui. Et il tournait tournait…
Ses yeux brillaient en ces instants d'un éclat si particulier que tous le croyaient fou et certains même proposaient de le tuer. Mais le cheval lui s'en moquait, il semblait heureux dans son enclos lorsqu'il tournait tournait… et de cela jamais il ne se lassait. Et peu lui importait ce qui l'entourait lorsqu’autour de son piquet il tournait tournait…
Souvent, des enfants venaient le regarder en bordure du pré. Ils se moquaient et riaient de cet animal qu'ils jugeaient borné. Parfois même ils lui lançaient des pierres afin de tenter de le faire s'arrêter. Cependant, ils échouaient, et même blessé et ensanglanté le cheval n'en continuait pas moins de tourner tourner…
Toutefois, un jour funeste, les enfants ne se contentèrent plus de lui jeter des pierres : lui frappant les jarrets violemment avec une barre de fer, ils lui brisèrent les jambes, coupant son élan, et le cheval tomba à terre. Reposant sur le flanc, le regard hésitant et l'incompréhension dans ses yeux gravée, le cheval de trait tenta de se relever sur ses jambes brisées… mais il ne le put. Posant alors sur le ciel et la terre un dernier regard, le cheval abandonna, résigné, et, à côté de son piquet, toujours relié à lui par une chaîne désormais immobile, il mourut. Cessant ainsi pour toujours de tourner tourner…
Les enfants autour du cheval ne s'en formalisèrent pas. Voyant qu'enfin ils avaient réussi à faire tomber cet animal qu'ils ne comprenaient pas, ils s'égaillèrent dans les champs, reprenant innocemment leurs jeux où ils les avaient interrompus. Ne se rendant pas compte que là-bas, dans l'enclos, un être jamais plus ne tournerait tournerait…
Les jours passèrent et s'écoulèrent, et l'enclos demeura vide, le piquet au milieu, la terre dégarnie à ses alentours, semblant attendre encore et toujours le cheval de trait qui la foulerait. Mais rien ne venait et ce vide tourbillonnait dans les yeux d'un petit enfant. Délaissant ses amis d'antan, il se tenait en bordure du terrain et venait observer cette parcelle vierge au milieu de laquelle se tenait un piquet et autour duquel auparavant un cheval tournait tournait…
L'enfant chaque jour revenait et ses yeux se perdaient dans le vide autour du piquet planté dans la terre aride. Porté vers l'avant, il entra un matin dans l'enclos puis s'approcha lentement de son centre isolé et semblant s'ennuyer. Sa petite main se posa sur le piquet puis il le contourna, continua à le contourner, et enfin se mit à courir autour de lui. Ses petits pieds semblaient voler alors qu'il tournait tournait…
Les bras écartés, le sourire béat, l'enfant se laissait griser chaque jour par le vent, aussi longtemps qu'il le pouvait. Il revenait en ce lieu quotidiennement et prenait la place du cheval de trait et il courait courait. Le bonheur inondait son visage, ses yeux parcouraient le paysage sans le voir, ses pensées flottant bien plus loin et voyant bien plus large. Il était heureux et ne se lassait jamais de tourner tourner…
La joie qu'il éprouvait en ces instants lui semblait magique et il ne cherchait pas à l'expliquer. Il la laissait simplement l'envahir sans chercher à la définir, heureux d'avoir découvert que le bonheur pouvait être si simple tout en étant si entier.
C'est à peine si du coin de l'œil il se rendit compte un jour qu'on l'observait et que des enfants ricanaient tandis qu'il tournait tournait…
À côté de cette ferme se trouvait un enclos au milieu duquel se trouvait un piquet, une chaîne et au bout de celle-ci un cheval de trait. Un cheval qui tournait tournait…
Ce cheval n'était point beau, n'était point moche, il était simplement là pour servir son maître qui n'avait pour lui aucun reproche. Si ce dernier ne le laissait s'ébattre dans les champs, c'était uniquement par crainte que celui-ci ne s'enfuit ou n'abîme les terres de ses pères. Le cheval restait ainsi au milieu de l'enclos pendant les longues journées où son maître n'avait pas besoin de lui. Et il tournait tournait…
Ses yeux brillaient en ces instants d'un éclat si particulier que tous le croyaient fou et certains même proposaient de le tuer. Mais le cheval lui s'en moquait, il semblait heureux dans son enclos lorsqu'il tournait tournait… et de cela jamais il ne se lassait. Et peu lui importait ce qui l'entourait lorsqu’autour de son piquet il tournait tournait…
Souvent, des enfants venaient le regarder en bordure du pré. Ils se moquaient et riaient de cet animal qu'ils jugeaient borné. Parfois même ils lui lançaient des pierres afin de tenter de le faire s'arrêter. Cependant, ils échouaient, et même blessé et ensanglanté le cheval n'en continuait pas moins de tourner tourner…
Toutefois, un jour funeste, les enfants ne se contentèrent plus de lui jeter des pierres : lui frappant les jarrets violemment avec une barre de fer, ils lui brisèrent les jambes, coupant son élan, et le cheval tomba à terre. Reposant sur le flanc, le regard hésitant et l'incompréhension dans ses yeux gravée, le cheval de trait tenta de se relever sur ses jambes brisées… mais il ne le put. Posant alors sur le ciel et la terre un dernier regard, le cheval abandonna, résigné, et, à côté de son piquet, toujours relié à lui par une chaîne désormais immobile, il mourut. Cessant ainsi pour toujours de tourner tourner…
Les enfants autour du cheval ne s'en formalisèrent pas. Voyant qu'enfin ils avaient réussi à faire tomber cet animal qu'ils ne comprenaient pas, ils s'égaillèrent dans les champs, reprenant innocemment leurs jeux où ils les avaient interrompus. Ne se rendant pas compte que là-bas, dans l'enclos, un être jamais plus ne tournerait tournerait…
Les jours passèrent et s'écoulèrent, et l'enclos demeura vide, le piquet au milieu, la terre dégarnie à ses alentours, semblant attendre encore et toujours le cheval de trait qui la foulerait. Mais rien ne venait et ce vide tourbillonnait dans les yeux d'un petit enfant. Délaissant ses amis d'antan, il se tenait en bordure du terrain et venait observer cette parcelle vierge au milieu de laquelle se tenait un piquet et autour duquel auparavant un cheval tournait tournait…
L'enfant chaque jour revenait et ses yeux se perdaient dans le vide autour du piquet planté dans la terre aride. Porté vers l'avant, il entra un matin dans l'enclos puis s'approcha lentement de son centre isolé et semblant s'ennuyer. Sa petite main se posa sur le piquet puis il le contourna, continua à le contourner, et enfin se mit à courir autour de lui. Ses petits pieds semblaient voler alors qu'il tournait tournait…
Les bras écartés, le sourire béat, l'enfant se laissait griser chaque jour par le vent, aussi longtemps qu'il le pouvait. Il revenait en ce lieu quotidiennement et prenait la place du cheval de trait et il courait courait. Le bonheur inondait son visage, ses yeux parcouraient le paysage sans le voir, ses pensées flottant bien plus loin et voyant bien plus large. Il était heureux et ne se lassait jamais de tourner tourner…
La joie qu'il éprouvait en ces instants lui semblait magique et il ne cherchait pas à l'expliquer. Il la laissait simplement l'envahir sans chercher à la définir, heureux d'avoir découvert que le bonheur pouvait être si simple tout en étant si entier.
C'est à peine si du coin de l'œil il se rendit compte un jour qu'on l'observait et que des enfants ricanaient tandis qu'il tournait tournait…
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