Il était une fois une petite louve qui s’appelait Timimi.
Timimi avait la couleur de ses yeux qui changeait, non pas avec le temps, mais avec ses sentiments !
Lorsqu’elle était en colère, ils devenaient rouges. Lorsqu’elle lisait une histoire de prince ou de princesse, ils devenaient roses. Lorsqu’elle était un peu triste, ils devenaient bleus. Lorsqu’elle avait peur, ils devenaient verts. Et ainsi de suite…
Cependant, depuis la rentrée des classes, ils étaient devenus blancs. Entièrement complètement blancs.
Alors évidemment, ses parents s’inquiétèrent assez rapidement : ils lui demandèrent si elle allait bien (elle se mit à pleurer), si elle voulait leur parler de quelque chose d’important (elle ne répondit pas), si elle était triste à cause de la rentrée (elle secoua la tête négativement). Rien à faire, elle ne voulait rien leur dire.
Le problème avec ses parents, c’est qu’ils s’agaçaient très rapidement lorsqu’ils ne savaient pas comment l’aider. Ils finissaient toujours par s’énerver, ce qui faisait qu’elle avait encore moins envie de parler, et tout ceci se terminait très vite en cerceau-museau (vous savez, le jeu où on fait tourner en rond un cerceau sur le bout de son museau et qui dure souvent très très… bien trop longtemps ?).
Bref. Ses parents finirent donc par l’emmener chez Louvéteau, un grand professeur spécialisé dans tout. Il examina Timimi, lui posa des questions (auxquelles elle ne répondit pas), et annonça à ses parents catastrophés que si ses yeux gardaient cette couleur encore longtemps, elle finirait par perdre la vue.
Perdre la vue ! Carrément ! Pour eux, c’était hors de question !
Mais que pouvaient-ils bien faire ? Car même s’ils étaient avant tout persuadés que « qui dit, guérit » (expression préférée du Docteur Louvéteau signifiant que parler aide à se sentir mieux), ils ne pouvaient évidemment pas la forcer.
Pendant ce temps, Timimi, fâchée avec ses parents qui lui cassaient les pattes à lui poser plein de questions, était toujours incapable de leur répondre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle avait peur. Peur qu’ils ne l’écoutent pas, qu’ils ne comprennent pas. Qu’ils lui répondent juste « ça passera » et lui demandent de cesser d’y penser. Elle n’avait pas du tout envie de cesser d’y penser.
S’enfermant de plus en plus souvent dans sa chambre, elle se mit un jour à jouer avec sa peluche Chichi le Chat.
Et à lui parler.
Parler de Louloupuce, sa copine qui n’était pas présente à cette rentrée des classes.
Parler du fait qu’elle n’avait pas déménagé, mais était décédée suite à un très grave accident.
Parler de sa tristesse de l’avoir perdue.
Parler de sa peur qu’il ne lui arrive un jour la même chose à elle, ou à ses parents.
Parler de son imagination qui lui faisait voir Louloupuce inerte.
Parler…
Parler à Chichi le Chat, qui ne répondait pas.
Mais parler de son histoire et de sa tristesse à haute voix… ça ne changeait rien, et ça changeait tout.
Cela rendait tout vrai.
Cela transformait le cauchemar en souvenir.
Alors, après quelque temps, elle se rendit compte que l’image qu’elle avait dans la tête de l’accident de Louloupuce n’était ni un vrai ni un beau souvenir…
Du coup, elle prit une feuille de papier, les dessina toutes les deux dans des robes de princesses, et ajouta plein de cœurs autour. Et voilà, c’était ça le vrai souvenir qu’elle voulait garder de sa copine !
Depuis, à chaque fois qu’elle pensait à Louloupuce, elle la voyait telle qu’elle l’avait dessinée, et ses yeux devenaient rose étincelant !

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