Il était une fois un petit loup qui s’appelait Tatapin. Et il prenait tout au pied de la lettre (« mais quelle lettre ? »). Ce qui au bout d’un moment (rapidement) était plutôt casse-pieds (« aie mon pied ! »).
C’était dur de savoir s’il le faisait exprès ou pas. En général, on considérait qu’il faisait le malin (« c’est qui malin ?), parce que sinon, cela voudrait dire qu’il ne l’était pas vraiment, malin… enfin… intelligent.
Son grand frère Turlupin, lui, ne pensait pas qu’il le faisait exprès, et il ne pensait pas non plus qu’il était idiot son petit frère, mais c’était à peu près le seul.
« Arrête de te moquer de nous Tatapin ! T’as bien compris ce que j’avais dit ! Ne fais pas l’andouille ! » (« où ça une andouille ? Y a pas d’andouille ici ? ») étaient des remarques très courantes de ses parents.
En fait, ce que Tatapin n’arrivait pas à faire comprendre, c’était qu’il imaginait tout ce qu’on lui disait, et du coup, les phrases, et parfois même les mots devenaient un peu difficiles à maîtriser. C’était marrant d’ailleurs. Tout du moins pour lui.
On lui demandait « hé papate, passe-moi le pain ! », et il imaginait une patate, mais la patate n’ayant pas de mains, elle ne pouvait pas passer le pain. Et du coup, soit il réfléchissait à ça et en oubliait de passer le pain, soit il répondait, très simplement : « mais la patate elle ne peut pas passer le pain, elle n’a pas de mains ? »
Mamie Riquiqui l’appelait « Galopin ! Viens faire un bisou à mamie ! », et il voyait un lapin dans sa tête, et se demandait pourquoi il galopait au lieu de bondir.
Et puis un jour, son frère en eut marre qu’on le prenne pour un idiot et décida de l’emmener voir leur tata Farlala. Qui est un peu bizarre, mais qui est experte en tête. Je veux dire experte des têtes. Enfin de ce qu’il y a dans les têtes.
Bref, avec un écarte-cervelle, elle ouvrit le crâne de Tatapin, regarda longuement ce qu’il se passait dans sa tête, et puis déclara :
— C’est le bordel on est bien d’accord ! Mais un bordel organisé, donc rien de grave ! Il y a juste un peu trop d’images avec les mots. Je comprends pourquoi parfois il perd le fil…
Un fil sortit alors de la tête de Tatapin, et hop ! Farlala l’attrapa et s’en servit pour refermer sa tête ni vu ni connu.
— Mais on fait quoi alors Tata ?
— Oh ! C’est très facile, je vais juste te faire un p’tit trou d’un côté. Juste au-dessus de l’oreille. Et comme ça les mots resteront, mais les images sortiront directement au lieu de tourner en rond dans ta cervelle !
Puis elle fit le tout p’tit trou avec une toute petite aiguille.
— Alors Tatapin, comment elle va cette tête dans les nuages ? Un peu plus claire ?
Aussitôt, un nuage sortit du p’tit trou près de son oreille et se mit à voleter dans la pièce. Farlala ouvrit la fenêtre pour qu’il parte.
Et Tatapin répondit :
— C’est super ! J’ai tout compris ! J’ai tout entendu ! Punaise ! (une punaise sortit discrètement). Ah ah ah ! Trop drôle ! En fait maintenant je peux n’écouter que d’une oreille et personne ne me le reprochera plus jamais !

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