Il était une fois une petite louve qui s’appelait Églantine.
Églantine adorait la musique et avait décidé d’apprendre la guitare.
Seulement elle avait un problème : elle avait toujours vu les sons et les notes en couleurs. Chaque note de musique ayant une couleur très spéciale, qui ne changeait jamais.
Sauf le SI.
Le SI, lui, n’arrêtait pas de changer de couleur ! Et en plus, c’était toujours une teinte pâle et fade, ce qui le rendait presque invisible sur les portées. De ce fait, lorsqu’elle essayait de jouer un morceau de musique, même s’il était très simple, elle oubliait toujours le SI, car elle ne le voyait pas. Le morceau était alors complètement raté et faisait mal aux oreilles.
C’était vraiment casse-pieds. Enfin, casse-oreilles.
Comme elle ne voulait pas abandonner ses leçons, elle décida de prendre le reste de poudre rétrécissant que sa grand-mère — qui était un peu sorcière — lui avait donné un jour, et d’aller voir directement quel était le problème.
Elle posa sa guitare par terre, jeta la poudre sur sa tête, et hop ! Elle se retrouva de la taille d’une fourmi, et utilisa un de ses longs — très longs — poils pour descendre à l’intérieur de l’instrument.
À l’intérieur, il faisait très sombre. Très très sombre. Noir comme elle avait fait un bandeau avec ses chaussettes pour le mettre sur ses yeux. Ça faisait même un peu peur. Heureusement, elle trouva rapidement son chemin grâce à la lueur de ses amies les notes, qui étaient là, en train de patienter tranquillement, chacune dans un coin. Toutes étaient éclatantes, et exactement de la bonne couleur.
Elle leur demanda où se trouvait le SI, et fut rapidement conduite à lui. Cette fois-ci, il était d’un bleu pâle…
Elle lui râla dessus :
— SI ! Pourquoi es-tu toujours aussi pâle, et pourquoi changes-tu de couleur sans arrêt, ce n’est vraiment pas gentil !
— Mais, ce n’est pas moi qui fais les couleurs, c’est toi ! Moi, je suis moi, je ne change pas ! Et d’ailleurs, je ne me vois pas souvent, dans toute cette pénombre ! Tu rejoues quand, que je puisse sortir un peu ?
— Ce n’est pas moi qui fais tes couleurs ?
— Mais si ! Moi, je suis SI, je suis ton « oui oui » !
— Mon « oui oui » ?
— Oui ! Je suis ton « oui » quand tu es sûre de toi ! Alors si tu ne me vois pas, ce n’est pas ma faute, c’est la tienne ! Écoute, c’est facile, il faut que tu sois sûre de ta propre couleur et alors tu trouveras la mienne. Tandis qu’elle lui parlait, le SI tourna petit à petit au rose pâle, puis au vert pâle, ce qui la rendit un peu malade… à moins que… oups ! Très rapidement, elle courut et sortit de la guitare juste à temps, car elle reprenait sa taille normale !
Pff… Toute cette aventure pour rien ! Elle ne savait pas du tout ce qu’il voulait dire par « trouver sa propre couleur » !
Du coup, un peu en colère, elle écrivit un morceau qui n’utilisait pas du tout la note SI.
Puis elle le joua à ses parents, qui s’exclamèrent :
— C’est superbe, tu es très douée avec cette guitare, vraiment ! Tu es brillante !
Églantine les regarda avec de grands yeux, puis elle sourit de toutes ses dents avant de s’exclamer :
— C’est ça ! Brillante !
Et en le répétant, cela lui parut tellement juste qu’elle n’eut pas le moindre doute. C’était cela son « oui oui », son « SI ». Elle était brillante, et lui aussi !
Aussitôt, elle joua un autre morceau, qui contenait beaucoup de SI, et elle le vit, là, étincelant, et tout à fait impossible à rater !