Thé, café, chocolat chaud, ou bière ?
- ♬♫♪ Le café c’est caca, on en viendra tous à bas ! ♬♫♪
Je posais mon mug et regardais l’avorton qui me pointait du doigt, moi et ma tasse.
- C’est pas du café, c’est du chocolat », lui répondis-je en allant chercher ma politesse dans le tréfonds de mes entrailles. Je n’aimais pas spécialement être dérangée au petit déjeuner.
- Menteuse ! Le chocolat chaud c’est que pour les enfants !
Je regardais à droite, à gauche. Pas de parents. Alors je me penchais vers le gnome et lui fredonnais à l’oreille :
- ♬♫♪ Le chocolat, c’est que pour moi, et en accompagnement, je croque les enfants chiants. ♬♫♪
Il me regarda avec de gros yeux avant de s’enfuir en criant dans tout le café que la dame elle était méchante.
Au moins il était parti. J’allais pouvoir déguster ma bière matinale en paix.
Une musique au loin
Il y a une petite musique au loin. Une musique qui est douceur onctueuse à mes oreilles. Une musique enivrante qui me fait accélérer le pas.
Il y a une petite musique au loin. Et je sais qu’elle provient de la chaumière que je partage avec ma chère et tendre. Je me lèche les lèvres par anticipation.
Il y a une petite musique au loin. Ce sont des cris humains stridents et suppliants. De petits cris d’enfants. J’en bave d’avance. Je cours.
Ma mie, ma douce ogresse, est en train d’attendrir la viande. Le souper sera délicieux.
Sans issue
- Oh non !
- Qu’est-ce qu’il y a Bébert ?
- Il n’y a plus d’issue !
- Quoi ? T’es sûr ? Impossible !
- Puisque je te le dis !
- Mais elle est nulle en couture !
- Je te jure, y a plus d’issue, quelqu’un l’a reprisée !
Après un bref instant de découragement, Bébert et Popaul redressèrent la tête, déterminés.
- Bon, tu sais ce qu’il nous reste à faire !
- Oui ! On reprend le boulot à zéro !
Les orteils entreprirent aussitôt de grignoter à nouveau petit à petit le tissu de la chaussette de leur maîtresse. C’est qu’ils tenaient à leur liberté. Promis, un jour, ils reverraient la lumière du jour !
Tu veux mon doigt ?
- Non merci, répondit l’enfant poliment.
Je le regardais, assez interloqué par ce refus. Comment ? Mon fils n’aimait plus cet appendice dont chacun savait qu’il n’était que pur délice ?
- Et pourquoi donc ? Il n’a pas l’air bon mon doigt ?
- Ce n’est pas ça papa, mais je t’avais demandé de le garder pour la toute fin, la grande faim.
- Oh. J’avais oublié.
- Je sais. Ce n’est pas si grave. Mais du coup, je n’ai plus trop envie. Elle ne va plus pouvoir me faire de jolis dessins sans son index, la petite humaine. Ça m’a coupé l’appétit.
L’ogre regarda son fils avec affection. Qu’ils étaient mignons à cet âge, et tellement sensibles !