Ma petite Élodie

Elle naît un 15 août.
Elle marche très tôt, mais ne se décide à parler qu'à cinq ans. Pourquoi ? "Pourquoi pas ?", me répond-elle du haut de ses sept ans, l'air réprobateur.
Elle ne sait pas freiner. En rollers, elle se fracasse contre les réverbères pour s'arrêter. J'ai souvent peur : elle fonce sans réfléchir.
Mais ma petite Élodie, elle est comme ça !
Elle s'enferme déjà dans sa chambre, à douze ans. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire toute seule ainsi ? Je lui demande, mais elle ne daigne pas répondre.
Elle fait encore de la balançoire à quatorze ans. Celle-ci se déglingue un peu plus à chaque prise d'élan. Quelle idée de vouloir ainsi aller toujours plus haut !
Mais ma petite Élodie, elle est comme ça !
Elle rentre du lycée, je lui demande si ça va, elle me répond "pourquoi ça n’irait pas ?" d'un ton agressif, et court dans sa chambre.
Elle nous présente bientôt son futur mari. Elle veut plein d'enfants. "J'fais c'que j'veux !", me lance-t-elle avec un sourire après la naissance du quatrième, lorsque je lui dis qu'elle devrait s'arrêter là. Têtue comme une mule !
Mais ma petite Élodie, elle est comme ça !
Elle vieillit, moi aussi. Elle me dit d'arrêter de me plaindre, et m'engueule parfois comme si c'était désormais moi la gamine.
Mais ma petite Élodie, elle est comme... non... STOP !
Non, elle n'est pas comme ça.
Ma petite Élodie... elle avait le cœur qui battait comme une fleur qui s'ouvre…
Un seul battement empli de toutes ces promesses.
Un seul battement...
Et puis plus rien.