La lune regardait la Terre, attristée d’être tant mise en lumière.
— Pourquoi cet air mélancolique ? lui demanda le soleil, qui l’apercevait tout juste de l’autre côté de l’horizon.
— Mon visage, que tu illumines, est devenu laid.
— Tu es pourtant toujours aussi lumineuse à mes yeux ?
— Je suis pleine de cratères !
— Mais ces marques du temps qui passe sont logiques, et je les trouve magnifiques.
— Je les déteste. Pourrais-tu cesser de m’illuminer ?
La voix de la lune était à la fois triste et résignée.
— Je t’envie, lui répondit alors le soleil.
Et la lune, dans sa perplexité, tendit l’oreille.
— Oui, je t’envie ! Toutes les nuits tu es admirée, autant de nos jours que dans ta jeunesse. Les cicatrices laissées par les météorites tombées à ta surface au fil des années n’ont jamais détourné les regards. Alors que moi, je brille tant que personne sur Terre ne peut me regarder en face. Je préférerais parfois être une étoile lointaine.
Et ce fut au tour du soleil d’être triste et résigné.
— Si tu étais une étoile lointaine, lui fit remarquer la lune, tu serais trop loin pour offrir ta chaleur à la Terre et ces êtres qui l’habitent et admirent nos lueurs dans la nuit.
— Tu as raison. Les étoiles lointaines sont admirées, mais restent dans l’ignorance de leur beauté.
Un peu comme moi, réalisa la Lune.
Un peu comme moi, réalisa le Soleil.
— Lune, merci d’illuminer mes nuits.
— Soleil, merci de réchauffer mes journées.